Afrique du Sud : le gouvernement lance une opération de 90 jours pour éradiquer les violences basées sur le genre et les féminicides

Afrique du Sud : le gouvernement lance une opération de 90 jours pour éradiquer les violences basées sur le genre et les féminicides

Une équipe de hauts responsables a été chargée de coordonner les systèmes de la police, du parquet et des services correctionnels afin d’éliminer les retards dans le traitement des affaires liées aux violences basées sur le genre (GBVF).

Les ministres et hauts responsables du Cluster Justice, Prévention du crime et Sécurité (JCPS) se sont réunis en session extraordinaire le lundi 14 avril 2025, sous la présidence conjointe de la ministre Mmamoloko Kubayi (Justice et Développement constitutionnel) et du ministre de la Police, Senzo Mchunu.

Cette réunion urgente a été convoquée en réponse à la recrudescence alarmante des violences basées sur le genre et des féminicides (GBVF) à travers le pays. Elle s’est conclue par l’adoption d’un programme d’accélération de 90 jours visant à intensifier la réponse nationale et à accélérer la mise en œuvre du Plan stratégique national contre les GBVF.

Reconnaissant la gravité de la crise, le Cluster a décidé de revitaliser et de reconstituer en urgence le Comité interministériel (IMC) sur les GBVF, avec une demande formelle adressée au Président pour sa relance dans le cadre de la 7e administration. La première réunion de ce comité est prévue dans les deux semaines. Il servira de mécanisme central de coordination pour accélérer les interventions gouvernementales, résoudre les blocages systémiques et garantir des progrès mesurables.

Un comité prioritaire dédié aux GBVF sera également mis en place au sein de la structure nationale conjointe des opérations et du renseignement (NATJOINTS), coprésidé par les départements du Développement social et des Femmes, Jeunes et Personnes handicapées. Cette structure vise à améliorer la coordination des interventions de sécurité et de protection de première ligne.

Reconnaissant les limites d’une action exclusivement nationale, le Cluster a ordonné la revitalisation des structures JCPS dans toutes les provinces. Des comités provinciaux, composés de responsables de la sécurité et de hauts fonctionnaires, seront créés pour piloter la mise en œuvre localisée des interventions contre les GBVF. Le Cluster a également insisté sur l’activation des dispositifs gouvernementaux à l’échelle communautaire, avec une forte mobilisation des populations et l’implication des structures locales.

Pour remédier aux inefficacités dans la chaîne pénale, une équipe de hauts fonctionnaires a été chargée d’harmoniser les systèmes de la police, du parquet et des services correctionnels afin d’éliminer les retards dans le traitement des affaires de GBVF. Les départements doivent aussi identifier les lacunes institutionnelles critiques et proposer des mesures concrètes assorties de délais.

La réunion a exigé la consolidation des données statistiques liées aux GBVF tout au long de la chaîne JCPS — de l’arrestation à l’incarcération — dans un rapport intégré unique. Ce rapport, ainsi que les points d’intervention de chaque département, sera remis à l’IMC.

Le Système de communication et d’information du gouvernement (GCIS) a reçu instruction d’organiser un webinaire national sur les GBVF, animé par des experts gouvernementaux, et d’assurer une formation ciblée en communication pour les fonctionnaires. Cette formation visera à harmoniser les messages publics et à renforcer l’engagement institutionnel.

Le Cluster a également décidé de donner la priorité au déploiement accéléré des centres de soins Thuthuzela dans toutes les provinces, afin de garantir un accompagnement global centré sur les survivantes.

Le ministère de la Justice et du Développement constitutionnel a été spécifiquement chargé de réparer et entretenir en urgence les systèmes de sécurité dans les tribunaux, pour renforcer la protection des survivantes et des témoins, en particulier les mineurs, et prévenir les risques de revictimisation. La réunion a par ailleurs souligné la nécessité de reconstruire le tissu social, en particulier autour de la cellule familiale, comme étape essentielle dans la prévention à long terme des GBVF. Les départements doivent élaborer des plans d’action concrets avec des échéances claires, des communautés cibles définies et des résultats mesurables.

Pour renforcer le Conseil national sur les GBVF, les départements proposeront des modèles de financement durables et désigneront des membres du conseil d’administration d’un niveau équivalent à celui de directeur général adjoint ou supérieur, afin de renforcer la capacité institutionnelle. La réunion a aussi acté l’intensification de la formation sur les législations, réglementations et directives révisées en matière de GBVF, dans l’ensemble du Cluster.

Une préoccupation particulière a été soulevée concernant le nombre croissant d’enfants arrêtés pour des infractions sexuelles. NATJOINTS a été chargé de concevoir une réponse appropriée et urgente à cette crise émergente.

Enfin, le Cluster a réaffirmé la nécessité de reprendre le contrôle du récit national sur les questions de GBVF et de sécurité en général, en veillant à ce que ce soit le gouvernement — et non des acteurs extérieurs — qui mène le discours public sur ces sujets. Cette opération coup de poing de 90 jours constitue non seulement une déclaration d’intention, mais le point de départ d’une campagne coordonnée à l’échelle de l’État pour mettre fin aux GBVF.

Sa mise en œuvre a débuté immédiatement après la réunion. Les coprésidents ont souligné que le temps des petits progrès était révolu.

Le gouvernement entre dans cette phase avec détermination, appelant chaque organe de l’État et chaque secteur de la société à jouer un rôle actif et décisif pour éradiquer les GBVF.

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