La culture du café revient en force en Afrique

La culture du café revient en force en Afrique

Des baristas aux robustas fins africains, une nouvelle génération redéfinit le récit du café sur le continent.

L’Afrique du Sud, l’Ouganda et le Kenya ont occupé les premières places du podium lors du Championnat africain des baristas cette année. Mais le véritable gagnant de cette édition fut la culture africaine du café elle-même.

Du 24 au 28 février 2025, l’arôme du café local a envahi l’air de Dar es Salaam, où 23 baristas venus de 14 pays se sont affrontés pour obtenir une reconnaissance continentale, devant un public nombreux. Organisé en parallèle de la 21e Conférence et Exposition africaine des cafés fins (AFCA), l’événement a marqué un tournant : une célébration audacieuse des talents locaux, des marchés régionaux et de l’intérêt croissant du continent pour ses propres cafés de spécialité – en particulier le robusta.

« Il ne s’agit pas seulement de préparation du café », a déclaré Régine Léonie Guion-Firmin, formatrice agréée de la Specialty Coffee Association (AST) basée à Nairobi, au Kenya. « Il s’agit de jeunes qui créent de nouvelles carrières, qui développent une culture du café, et qui stimulent la demande pour un café de haute qualité, produit localement. On pouvait ressentir l’énergie et la fierté. »

Derrière la mise en lumière des talents en matière d’infusion, une transformation plus profonde est en cours. Face à l’intérêt croissant des consommateurs africains, des torréfacteurs, baristas et entrepreneurs locaux défendent le café africain pour les consommateurs africains – redéfinissant la valeur non pas seulement par l’exportation, mais par l’engagement local.

Au Cameroun, Thierry Djanga de TerrifiCoffee fait partie de ce mouvement. Son café a obtenu la deuxième place lors d’un concours de dégustation pendant l’événement, mais ses priorités sont centrées sur le marché local.

« Je suis prêt à payer un prix plus élevé pour un robusta de qualité provenant de producteurs africains », a-t-il affirmé. « Pas seulement pour l’exporter, mais pour le servir localement. Les consommateurs ici sont prêts à payer pour l’excellence. C’est un cercle vertueux qui profite à tout le monde. »

L’événement a également mis l’accent sur le renforcement des capacités techniques. Un Barista Bootcamp, coorganisé par le Centre du commerce international (ITC) et l’Agence du café robusta d’Afrique et de Madagascar (ACRAM), a formé plus de 20 baristas à l’analyse sensorielle et aux techniques d’extraction conformes aux standards du World Barista Championship. Cette initiative, menée dans le cadre du programme ACP Business-Friendly, contribue à professionnaliser le secteur du café et à accroître la reconnaissance locale du robusta de spécialité.

La participation du Mozambique a surpris de nombreux participants qui ne connaissaient pas le développement du secteur caféier dans ce pays. De son côté, la scène café en pleine expansion d’Égypte a apporté une nouvelle dynamique aux discussions sur le commerce régional et les opportunités de valorisation des marques africaines.

Alors que professionnels du café, producteurs et décideurs ont échangé tout au long de la semaine, un message s’est imposé : l’histoire du café africain ne se résume plus à son potentiel d’exportation. Les producteurs, baristas et consommateurs du continent reprennent la main sur le récit – une tasse à la fois.

Leave a Reply

Your email address will not be published.