Le PUSA-GB a soutenu 3 000 agriculteurs parmi les plus vulnérables par le biais de transferts directs inconditionnels de 85 000 francs CFA par famille afin de couvrir les besoins de base les plus urgents
Le soleil tape en plein midi. Une équipe d’hommes chante pour se motiver, le corps plongé dans l’argile. Manuel fait partie des deux douzaines d’hommes qui se passent de l’argile épaisse, de la taille d’un ballon de football, de l’un à l’autre, la dernière personne la tapant en place le long de la digue, le périmètre de l’une des dizaines de rizières à la périphérie du village. Elles sont entourées de mangroves et l’eau salée s’infiltre tout autour.
Manuel Bidan Santa et ses collègues, agriculteurs, réparent les digues qui protègent les rizières environnantes.
“L’argile est très lourde”, explique Manuel, couvert de boue glissante et collante de la tête aux pieds. “Nous travaillons ici pendant la saison des pluies. Il y a d’autres zones qui ont besoin d’être réparées, mais nous ne pouvons y travailler que pendant la saison sèche.”
Avec les marées de l’océan, ces digues s’éroderont lentement et des réparations devront être effectuées chaque année. C’est normal. Mais depuis la pandémie de COVID-19, Manuel n’a pas eu le temps de s’en occuper. Il rattrape le temps perdu, mais n’y arrive jamais.
“Nous n’avons pas vraiment réussi à joindre les deux bouts, et au lieu de passer du temps ici à réparer la digue, j’ai dû chercher d’autres moyens de nourrir ma famille. Je ne peux pas les laisser affamés à la maison et venir ici toute la journée. Je venais donc pour une heure ou deux à la fois, mais cela ne m’apportait pas grand-chose”.
Mais depuis janvier, Manuel et d’autres riziculteurs du village d’Iungun sont payés pour réparer ces murs dans le cadre d’un programme “Argent contre travail” relevant du Programme d’urgence de sécurité alimentaire du gouvernement de Guinée-Bissau (connu sous l’acronyme portugais PUSA-GB), financé par la Banque mondiale et mis en œuvre par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
On estime que 72 % de la population bissau-guinéenne a actuellement besoin d’une forme ou d’une autre de soutien à la sécurité alimentaire
Le PUSA-GB vise à atténuer l’impact du COVID-19 sur la sécurité alimentaire de nombreux habitants du pays. Manuel est l’un des 8 000 participants au projet qui gagnent 85 000 XOF (140 USD) chacun pour leur travail de réparation.
On estime que 72 % de la population de Guinée-Bissau a actuellement besoin d’une forme de soutien à la sécurité alimentaire.
Outre le programme d’emplois rémunérés, le PUSA-GB a soutenu 3 000 agriculteurs parmi les plus vulnérables par le biais de transferts directs inconditionnels de 85 000 francs CFA (environ 140 USD) par famille pour couvrir les besoins de base les plus urgents.
Le projet soutient les agriculteurs du pays de plusieurs autres manières, notamment par la distribution de 25 000 outils agricoles (seaux, arrosoirs, houes et râteaux) et de 1 278 tonnes de semences, ainsi que par la création d’écoles d’agriculture de terrain destinées à promouvoir les meilleures pratiques en matière de production agricole – sept écoles se concentrent sur le riz et neuf sur le maïs.
Le gouvernement a également reçu 655 000 tonnes d’engrais, 1 000 tuyaux de drainage et 720 000 doses de vaccins pour animaux. Plus de 312 000 animaux ont été vaccinés et traités contre des maladies potentiellement mortelles dans le cadre du projet.
Pour Manuel, les fonds du programme “Argent contre travail” l’aident grandement à se remettre sur pied.
“Avec l’argent que je reçois, je peux quitter ma famille et venir travailler l’esprit tranquille”, explique Manuel. “Je peux aller travailler en sachant qu’ils pourront manger et que mes enfants pourront aller à l’école.
Ce projet de trois ans, doté d’un budget de 11,3 millions de dollars, s’achèvera en décembre 2023.